En fait, quelque chose a profondément changé dans notre rapport au pouvoir. Avant, quand un dirigeant parlait, sa parole avait un poids naturel. Aujourd’hui, c’est presque l’inverse. Plus on a de responsabilités, plus on doit prouver sa légitimité. Comme si le succès était devenu suspect.
Je vois souvent ça dans mon travail. Des femmes et des hommes qui ont construit des choses remarquables, qui ont créé de l’emploi, de la valeur, du sens. Et pourtant, ils se retrouvent à devoir constamment justifier leur position, leurs décisions, jusqu’à leur droit d’exister en tant que dirigeant.
Ce qui est fascinant, c’est cette nouvelle solitude que ça crée. Un grand patron me disait l’autre jour : « Avant, je devais gérer la pression du résultat. Maintenant, je dois aussi gérer la pression du jugement permanent. Chaque décision est scrutée, commentée, souvent déformée. C’est comme marcher sur des œufs, mais les œufs sont en verre. »
En 2025, diriger c’est aussi apprendre à danser avec cette méfiance ambiante. Pas pour la combattre, non. Pour la comprendre. Pour trouver un nouveau chemin où l’autorité ne vient plus du titre ou du statut, mais de notre capacité à rester profondément humain malgré la pression.
Il y a quelque chose de paradoxal dans tout ça. Plus le monde devient méfiant envers le pouvoir, plus il devient essentiel de créer des espaces de vraie confiance. Pas une confiance basée sur des chiffres ou des promesses. Une confiance qui naît quand quelqu’un ose montrer sa vulnérabilité, ses doutes, son humanité.
Je pense à ce dirigeant qui a choisi de partager avec ses équipes non pas ses certitudes, mais ses questions. Non pas sa vision parfaite, mais ses tâtonnements sincères. Au début, certains y ont vu une faiblesse. Puis quelque chose s’est passé. Cette authenticité a créé plus de confiance que tous les discours de direction.
En fait, peut-être que c’est ça la vraie transformation du leadership aujourd’hui. Accepter que la confiance ne soit plus un dû, mais quelque chose qu’on doit mériter chaque jour. Non pas en étant parfait, mais en étant vrai. En assumant que oui, parfois on doute, parfois on se trompe, et que c’est justement cette humanité qui nous rend dignes de confiance.
C’est touchant de voir comment certains réinventent leur façon d’exercer le pouvoir dans ce nouveau contexte. Ils apprennent à être forts autrement. Non plus par l’affirmation de leur autorité, mais par leur capacité à créer des liens authentiques, à générer une confiance qui vient du cœur et non du statut.
Au fond, peut-être que cette crise de confiance est aussi une opportunité. Une invitation à revenir à l’essentiel. À nous rappeler que le vrai pouvoir n’est pas celui qu’on exerce sur les autres, mais celui qui permet à chacun de grandir, de s’épanouir, de trouver sa place dans une histoire commune.